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Suite à la tempête Alex, l’église St-Michel-de-Gast a subie des dégâts. Elle est aujourd’hui en cours de restauration par les « Monuments de France ». De ce fait, elle n’est pas ouverte à la visite pour une durée de deux ans.

Église Saint-Michel-de-Gast.  

L’église Saint-Michel-de-Gast était l’église paroissiale de Roquebillière avant que la nouvelle église ne soit construite et consacrée en 1954. Elle se situe en rive droite, en bordure de la Vésubie, en face de l’ancien village. Elle est signalée par des panneaux sur lesquels on peut lire « Église des Templiers ».
Une légende qui prit corps sans doute en fin du XIXe siècle, qui a prospéré tout au long du XXe, a associé l’église à l’ordre des Templiers. Or aucun élément ni aucun texte ne permettent d’avancer une telle proposition. Ce qui n’a été au début qu’une simple hypothèse, ou bien une confusion entre des ordres militaires et religieux, les Hospitaliers et les Templiers, est devenue, avec le temps, pour beaucoup, une vérité.

La Manse du Gast (territoire sur la rive droite) a appartenu vers l’an mille à la famille seigneuriale de Nice puis à l’abbaye de Saint-Pons de Nice à partir de 1075. L’église du Gast et ses possessions furent données en 1141 à l’ordre militaire et religieux de Saint-Jean de Jérusalem. Il est fort probable que la Manse était alors toujours la propriété de l’abbaye, mais c’est l’évêque de Nice, gestionnaire des biens de l’abbaye, qui effectua la donation.

La présence de cette seigneurie ecclésiastique fit que le village se développa hors du territoire du Gast, sur la rive gauche, ce qui eut pour conséquence que l’église paroissiale n’était pas au sein du village, même pas en bordure, mais située de l’autre côté de la rivière, en rive droite. Le franchissement de la rivière, jusqu’en 1846, se faisait sur des poutres en bois posées directement sur les berges. Dès que la rivière grossissait, il fallait retirer ces poutres et l’accès de l’église était ainsi interrompu pour des périodes parfois longues.

Dans un acte de 1438, est décrite une église en très mauvais état, trop grande au regard de la richesse de la communauté et qui devra être raccourcie. Son orientation est-ouest semble différente de celle que nous connaissons, quasiment nord-sud. Nous ne savons pas si le projet de 1438 eut une suite.

L’église que nous connaissons a été construite, ou reconstruite, et achevée en 1533, la date est inscrite sur la 2ème clé de voûte.
Le frontispice de style baroque a été ajouté en 1868.

L’horloge a été fournie par Arsène Crétin-L’Ange de Morbier. Le cadran, de 3,2 m de diamètre, est en bois recouvert d’une tôle galvanisée. C’est qu’il fallait le voir depuis le village. Le chantier de pose fut terminé en août 1897.
L’église a été classée monument historique en 1994.

De style gothique relativement homogène, l’église comprend trois nefs divisées en quatre travées de quatre mètres et une travée de chœur de six mètres, se terminant par un chevet plat. La voûte est formée d’ogives quadripartites en plein cintre séparées par des arcs-doubleaux brisés. Les colonnes sont faites de tambours de hauteurs variables, dont les différences de hauteur rattrapées par les bases et les chapiteaux de dimensions variables font  supposer qu’il s’agit de réemploi.

Les Hospitaliers furent présents jusqu’en 1537, après que la voûte fut terminée. Aussi, plusieurs croix de Malte ornent l’édifice, deux à l’extérieur, plusieurs à l’intérieur. Certains les ont qualifiées de croix pattées, la croix des Templiers, alors qu’il s’agit manifestement de croix à huit pointes, la croix des Hospitaliers. Si les chapiteaux du côté droit de la nef ne possèdent pas de décor, la plupart des autres sont ornés de motifs divers. Certains sont facilement identifiables, une croix de Malte, une croix grecque, un soleil rayonnant inscrit dans un cercle cordé, des têtes de bélier, des nœuds en huit que l’on appelle lacs d’amour et qui étaient un insigne de la Maison de Savoie. C’est un symbole médiéval qui représentait la véritable et indissoluble amitié, la foi inaltérable. Certains y voient des symboles liés à la franc-maçonnerie, d’autres à l’ésotérisme…

L’église abrite un grand nombre d’autels d’époques et de provenances diverses.

Le retable le plus ancien est celui consacré à saint Antoine Abbé. Nous ne connaissons pas avec certitude sa date de création, très certainement le XVIe siècle. Il comprend quatre niveaux, parfaitement hiérarchisés. En chef, le Père Éternel. Au-dessous, trois petits panneaux : Jésus est le thème de ce registre. Les grands panneaux du centre représentent, à gauche saint Joseph, au centre saint Antoine Abbé et à droite saint Maur. Au-dessous, dans la prédelle, des saynètes de la vie de saint Antoine.

À partir de la moitié du XVIIe, on ne vint plus prier saint Antoine, mais saint Joseph, aussi cet autel est appelé autel Saint-Joseph dans les inventaires du XIXe et du Xxe. Le tableau à sa droite mérite une attention particulière. La présence de nombreux symboles sur la toile a excité l’imagination de beaucoup qui ont cru y voir des symboles alchimiques ou maçonniques. La réalité est bien autre. L’autel a été édifié par Jean-Pierre Drago en 1629 et était dédié à l’Immaculée Conception et aux saints Jean-Baptiste et Pierre, les deux saints patrons du donateur.

Il était d’usage, depuis plusieurs siècles, de placer des symboles autour de Marie, tirés principalement du Cantique des Cantiques et des Litanies de Lorette, afin de souligner sa sainteté et de la différencier des autres jeunes filles. L’image de la femme couronnée par douze étoiles, nimbée de lumière et les pieds sur la lune avait été utilisée depuis quelques décennies pour représenter l’Immaculée Conception de Marie. Le tableau de Roquebillière combine ces deux usages. Le visiteur attentif notera également le respect des règles de composition. Le registre du céleste et du terrestre sont parfaitement différenciés.

Tableau de Saint-Roch : Saint Roch est disposé entre saint Sébastien et sainte Rosalie. De composition identique aux précédents, il doit dater de la même époque : les années 1630. Les autres tableaux sont postérieurs et ont été réalisés après 1650. La composition change. Les saints ne regardent plus le fidèle, mais prient, participent à une scène. Ils sont disposés sur la base d’un triangle dont la pointe haute est occupée par la Vierge. L’habillage des retables, de style baroque, devient somptueux. Tableau de l’Annonciation : Saint Maurice et saint Lazare portent la Croix de l’Ordre des saints Maurice et Lazare qui possédait la chapelle de Gordolon d’où le retable provient.

Tableau de l’Assomption : Au premier plan, saint Jacques, sainte Anne, sainte Marie-Madeleine et saint Menne. L’autel a été édifié vers 1670 par Jacques Muret qui a fait figurer son saint patron, saint Jacques, ainsi que ses initiales, I(J)M.

Tableau du Suffrage : À genoux, saint Antoine de Padou et saint Jean de Matha qui reçoit un scapulaire portant la croix des Trinitaires, une croix pattée rouge et bleu. Il pose la main en signe de protection sur un petit esclave qui a été libéré. Un ange, envoyé par la Trinité, transperce les limbes pour aller secourir les âmes du Purgatoire. L’autel est un don du prieur Pierre Achiardi des seigneurs de l’Alp et la toile a été peinte par Jean-Baptiste Gastaldi en 1667.

Tableau de la Pietà : À gauche saint Jean-Baptiste, le saint patron du donateur, et sainte Marthe, à droite sainte Catherine d’Alexandrie et saint François de Sales, au centre la Vierge soutenue par deux anges avec Jésus mort sur ses genoux. Tout en haut, la croix est portée en triomphe. Le tableau a été réalisé en 1682 par Jacques Bottero et a été donné par Jean-Baptiste Roggieri.

Tableau de Saint-Sébastien : Épaulé par saint Dominique et un pape, saint Sébastien s’adresse à la Vierge à l’Enfant. Ce tableau doit avoir été réalisé dans la première partie du XVIIIe siècle.

Le retable du maître autel a été réalisé vers 1700, Jean-Baptiste Crespel en ayant assuré une grande partie du financement. Au centre, saint Michel, le saint patron de l’église, à gauche saint Jean-Baptiste, le saint patron du principal donateur, à droite saint Julien de Brioude.

Retable du Rosaire : Les douze tableaux peuvent avoir été réalisés avant 1600 et l’habillage avec ses colonnes torses vers 1660. Sous la table d’autel, un gisant de Jésus.

À voir également : la cuve baptismale et le bénitier ; le grand Crucifix et les trois statues de Marie, Marie-Madeleine et Jean ; la statue de saint Michel terrassant le dragon ; le décor de la tribune, au-dessus de l'entrée principale, a pour thème le feu qui punit et le feu qui réchauffe, avec Saint Michel qui pèse les âmes.

Texte : M. Alain OTHO  



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